Agroécologie Afrique de l’Ouest

UPOV et COV – la privatisation des semences
par les grandes entreprises liées à l’agro-chimie

Adhérer à l’UPOV signifie pour un pays qu’on ne peut plus vendre que des semences certifiées (COV) sur son territoire. Et ces semences certifiées sont produites par les quelques grosses multinationales semencières.
La vente des semences paysannes traditionnelles devient interdite.
Une semence certifiée n’est pas reproductible et ne pousse correctement qu’avec les intrants chimiques qui vont avec.

UPOV_COV

Ces grosses multinationales semencières sont malignes et très riches, au début elles distribuent leurs semences industrielles non reproductibles gratuitement aux paysans jusque dans les villages les plus reculés par le biais des agents agricoles qui sont formés par eux.
Après les paysans sont obligés de ré-acheter chaque année leurs semences, ils sont ainsi otages des multinationales.
« Le paysan sans semence n’est pas un paysan, nous l’appelons « ouvrier agricole », sans la semence il n’a rien ! Un agriculteur qui ne peut pas produire ses propres semences va disparaître sous la pression des industriels. » dit Omer AGOLIGAN  président de ORAD et de Synergie paysanne au Bénin.

L’adhésion d’un pays à l’UPOV empêche le développement des semences paysannes traditionnelles de ses paysans et donc leur conservation :
« L’adhésion à l’UPOV 91 est le dernier tournant de l’esclavage consenti, un outil de spoliation d’un patrimoine ancestral commun. L’UPOV, c’est la privatisation des semences par les grandes entreprises. » (Convergence globale des luttes pour la terre et l’eau ouest africaine tenue le 15 février 2019 à Cotonou).
Malheureusement en 2014, sous la pression des gros industriels, 17 pays d’Afrique de l’Ouest et Centre (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée-équatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, République. centrafricaine, Sénégal, Tchad et Togo) par le biais de l’OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) sont devenus membres de l’UPOV.
Voir le communiqué de presse de l’UPOV (bien contente de cette adhésion) du 10 juin 2014 :
L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), deuxième organisation intergouvernementale à devenir membre de l’UPOV

L’UPOV c’est quoi ?
L’Union pour la protection des obtentions végétales (UPOV) est une organisation intergouvernementale crée à Paris le 2 décembre 1961 à l’initiative de la France et des grands semenciers, ayant abouti à la Convention internationale pour la protection et Obtentions Végétales.
La convention, révisée en 1972, 1978 et l’Acte de 1991, par les pays engagés dans la mise en œuvre obligatoire d’une COV, interdit toute vente de semences paysannes. A partir de variétés traditionnelles, les semences COV, brevetées, garantissent à l’agro-chimie des rendement élevés aux dépens des écosystèmes.
76 pays avaient signés à la date de 2020.
Voir la liste des pays membres : Membres de l’UPOV – Situation 2020  

Luttes pour la défense des semences paysannes et natives
le cœur de la souveraineté alimentaire

En Afrique de l’Ouest, organismes et sociétés civiles luttent contre ce vol des grandes multinationales.
Voir nos articles :
–   Les Foires Ouest-Africaines de Semences Paysannes  Pour protéger, promouvoir, développer et échanger les semences traditionnelles en Afrique de l’Ouest et sensibiliser les paysans à leur valeur « Le paysan sans semence n’est pas un paysan, nous l’appelons « ouvrier agricole », sans la semence il n’a rien ! Un agriculteur qui ne peut pas produire ses propres semences va disparaître sous la pression des industriels. »
–  Les Caravanes Ouest Africaines :  Convergence des luttes pour la terre, l’eau et les semences paysannes. Organisées par plusieurs mouvements sociaux de base et organisations de la société civile, 2 caravanes ont sillonné en 2016 et 2018 les pays d’Afrique de l’Ouest pour sensibiliser les paysans et interpeller les autorités, pour lutter et protester contre les accaparements de toutes les ressources naturelles et contre les violations systématiques des droits humains qui les accompagnent.

Mil’Ecole – Mai 2020