Le Sahel, un contexte difficile : présence d’une véritable carapace à faible profondeur (latérite), une seule saison pluvieuse entre juin et septembre (4 mois) sous forme d’orages violents, exploitation excessive du bois, animaux errants… Une population rurale qui souffre de la faim.

Les périmètres bocagers sont des ensembles d’une bonne centaine de champs chacun.

Ils permettent de restaurer les terres dégradées du Sahel et d’augmenter durablement de 100 à 200% les rendements en piégeant l’eau de pluie dans les champs (mares et diguettes) et en créant un véritable “bocage” arbustif (haies vives).

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Des paysans sur une terre dégradée se rappellent le temps où leurs pères cultivaient ce champ

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Au Sahel durant l’hivernage, les fortes pluies  non retenues  ravinent les terres arables

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Jachère paturée.
Le champ dégradé des paysans, 4 ans après sa restauration selon les méthodes de TERRE VERTE

Les périmètres bocagers sont aménagés à la demande de paysans par les fermes pilotes de Guiè, Filly, Goèma, (voir nos articles) Barga et Tougo (Burkina Faso), le champ école du lycée Martin luther King  (voir notre article) du réseau TERRE VERTE .

Le principe des périmètres bocagers

Garder l’eau de pluie dans les champs, favoriser son infiltration pour améliorer les cultures, pour renflouer les nappes phréatiques et surtout pour éviter l’érosion des minces couches de terres arables.

 3 vidéos  réalisées par Ciné Yam – Paysans Sahéliens Documentaristes de la ferme pilote AZN de Guiè

–   Du désert au bocage verdoyant, 2022 : une vue aérienne qui montre comment la réalisation d’un périmètre bocager a permis une restauration des sols.
–   Le bocage sahélien, 2022 : Seydou Kaboré, directeur de la Ferme Pilote de Guiè au Burkina Faso, y présente le Bocage Sahélien
–   Le bocage sahélien en partage : une étude d’évaluation du “Bocage Sahélien » avec le GRET, le laboratoire Eco&sols de l’IRD.

Aménagement d’un périmètre bocager

Sur tout son pourtour le périmètre est : 

  • clôturé par une haie mixte
       –  un grillage (pour empêcher l’entrée des animaux errants)
       –  enserré entre deux lignes d’arbustes locaux (cassia sibéria « kombrissaka » ou combretum micranthum « kinkeliba »), utiles à la protection du grillage tout en procurant du bois, protégeant les cultures des grands vents et favorisant l’infiltration des eaux de pluie…;
  • bordé par une diguette en terre (pour garder l’eau de pluie);
  • et par une zone défrichée anti-feu de brousse longeant l’extérieur.
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Pose de la clôture (grillage)
sur tout le pourtour du périmètre

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Plantation de la haie vive
Des dizaines de milliers de plans disposés de chaque côté du grillage 

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Une haie 5 ans après sa plantation
prête à être taillée

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Clôture sans haie vive
dégradée après une forte pluie

Voir la présentation de TERRE VERTE :
Aménagement bocager  et  Concept bocage sahélien Terre Verte 2022
ou bien notre présentation sous forme de diaporama commenté : Le périmètre bocager en diaporama, Pdf téléchargeable

Sur quel terrain ? Qui en bénéficie ?
Chaque périmètre va de 100 ha à 150 ha clôturant plus de 100 champs pour quelques 25 à 30 familles.

Le choix du terrain et la demande d’aménagement sont proposés par l’ensemble des villageois et des autorités locales coutumières et administratives d’un village. Les techniciens des fermes pilotes en étudient ensuite la faisabilité.
Le choix des familles bénéficiaires est proposé à l’unanimité par l’ensemble du village.
Les quelques 25 à 30 familles sont organisées en groupement et chacune y est propriétaire de 4 champs (d’un peu moins de 1 ha chacun). Dans les premiers périmètres ont été attribués 3 champs un peu plus grands, à chaque propriétaire. L’usage a prouvé que 4 champs correspondaient mieux aux besoins des paysans.

Aménagement des champs à l’intérieur d’un périmètre

 Chaque champ

  • est entouré d’une double protection : une diguette en terre doublée d’une haie vive (sans grillage);
  • Au point bas du champ est aménagée une mare d’infiltration (banka) des eaux excédentaires du ruissellement, et si le champ offre une double pente, une seconde mare d’infiltration peut être creusée ;
  • Des grands arbres sont introduits dans l’axe du champ pour ne pas gêner les travaux de culture, mais aussi en bordure des mares d’infiltration.
       –  Voir notre article : Le puits racinaire : méthode développée par TERRE VERTE pour assurer une bonne croissance d’un arbre planté au Sahel, sans arrosage en saison sèche.
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Creusement d’une mare. En arrière plan on aperçoit une diguette

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A chaque pluie la mare et les diguettes retiennent l’eau de ruissellement dans le champ

Les haies vives (de pourtour des champs) et les haies mixtes (de pourtour du périmètre) servent de coupe-vent, facilitent la pénétration de l’eau grâce à leurs racines et procurent du bois pour les feux de cuisine ou/et pour fabriquer des paniers lors de la taille.

 Méthode de culture préconisée dans les champs

 1° La technique traditionnelle du zaï pour la culture des céréales :

  • Dès la 1ère pluie chaque graine est semée dans un trou que l’on a préalablement fait et rempli de compost fabriqué localement durant la saison sèche
       –  Voir notre article : Faire du compost au Sahel en 8 semaines : méthode développée par Goèma
       –  Et aussi une autre méthode présentée par TERRE VERTE : Techniques de compostage (Pdf)
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Compost déposé dans chaque trou de zaï
avant la saison des pluies

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Dès la première pluie plantation des graines de mil
au bord de chaque trou du zaï

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Le mil ou le sorgho pousse à présent
sur une terre qui était dégradée

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Les trous du zaï retiennent l’eau de pluie
au pied de chaque plante

2° Le sarclage localisé pour les cultures céréalières 

  • Le 1er sarclage ne se fait qu’au pied des plans de céréales : les herbes spontanées laissées entre les pieds freineront le ruissellement et retiennent les nutriments du sol que la pluie pourrait lessiver;
  • Lors du 2ème sarclage, on visera à détruire les « mauvaises » herbes laissées entre les plants de mil au premier sarclage. Laissées sur place, ces dernières fourniront alors un précieux engrais vert à la culture en pleine croissance. Parfois ces herbes deviennent abondantes et peuvent demander un peu plus de travail à être sarclées mais c’est aussi une précieuse nourriture pour le sol.
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1er sarclage (“culture”) limité au pied du plan de la céréale

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Les “mauvaises” herbes laissées lors du 1er sarclage seront détruites au 2ème sarclage
et laissées sur place

Voir la présentation de TERRE VERTE : Sarclage localisé en culture céréalière au Sahel (pdf)

3° La rotation des cultures sur 4 ans nécessaire pour ne pas épuiser le sol :

  • Année1 – Sorgho (céréales). (Lors de la récolte laisser 80cm de tiges pour pâturage des boeufs) ;
  • Année 2 – Arachide – Bissap – Sésame – Niébé – Soja… (légumineuses) ;
  • Année 3 – Petit mil. (Lors de la récolte laisser 80cm de tiges pour pâturage des boeufs) ;
  • Année 4-Jachère pâturée (permet en outre d’intégrer l’élevage à l’agriculture).

Elle permet de fournir une alimentation équilibrée aux familles paysannes : céréales ET légumineuses.
   –  Voir notre article : Une alimentation équilibrée en brousse 

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Année 1 : avec zaï, Sorgho (céréale)

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Année 2 : Arachides (légumineuse)

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Année 3 : Petit mil

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Année 4 : jachère paturée

Le pâturage rationnel au sein des périmètres bocagers
Eleveurs peuhls et agriculteurs peuvent former un partenariat gagnant-gagnant.

Avec utilisation de clôtures électriques solaires mobiles
Le pâturage rationnel se pratique tant en saison sèche qu’en saison pluvieuse : en saison sèche il doit y avoir des résidus de récoltes et en saison pluvieuse le champ doit être en jachère.
Au moment des récoltes (de sorgho et de mil), il s’agit de couper les tiges à partir de 80 cm du sol. Tiges et feuilles restantes serviront à enrichir le sol par leur décomposition par les termites, à capter les graines d’herbes véhiculées par le vent pour ensemencer la jachère et surtout à nourrir le bétail (dont les déjections nourriront le sol).
Voir l’article paru le 27 mai 2010 dans Le monde rural.com (en pdf téléchargeable) : Burkina : le pâturage rationnel, une « arme » contre les conflits entre éleveurs et agriculteurs

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Voir la présentation de TERRE VERTE : Rotations culturales Périmètres bocagers (Pdf)

Une initiative pour l’instant localisée sur quelques 13 périmètres de plus de 100 hectares chacun aménagés au profit de centaines de familles paysannes du Nord Burkina qui a valeur d’exemple et permet à ces populations rurales de ne pas fuir les villages

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Un périmètre bocager vu du ciel

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Plan d’un périmètre bocager de 100 ha
(réalisé à l’époque des 3 champs)

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Légende et plan d’un champ du périmètre

Voir la présentation de TERRE VERTE : Manuel technique, réalisation des périmètres bocagers (Pdf)

Voir aussi d’autres acteurs agroécologistes en Afrique de l’Ouest

 au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Mali, au Togo, au Niger et au Sénégal 
En particulier cet article qui rassemble la présentation de plus de 80 structures actives au Burkina avec localisation, contacts et liens :
–   Des structures agroécologiques au Burkina Faso

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Mil’Ecole – Décembre 2016 – Revu 2019